Mes chatons,
je suis de celles qui ferment leur gueule quand elles n’ont rien à dire d’intéressant : ce n’est pas que je vous boudais, je prenais juste soin de ne pas abuser de votre temps de cerveau disponible.
Si d’aventure vous cherchiez une N-ième liste de conseils pour avoir un « bikini body » cet été, je vais abréger le suspens -et mes souffrances- et donner la seule et unique vraie recette valable :
- tu prends ton body
- tu le mets dans un bikini
Et hop ! Objectif atteint.
*****Spoiler alert : Et oui, la vie n’est pas plus compliquée que cela *****
.
En cette période de préparatifs de vacances, je veux vous être vraiment utile :
vous permettre d’accélérer la lecture de vos romans de gare
et/ou des notices techniques du pilotage de votre yacht.
.
Vous avez peut-être la même habitude que moi : mettre dans votre valise bien plus de livres que de petites culottes. Et votre empreinte carbone de crever les cieux ; car sur les 23 kg de bagages autorisés en soute, il y a bien 21 kilos de bouquins qui vont faire inutilement le voyage aller ET retour.
Personnellement, non seulement, je prends toujours trop de livres à lire, mais en plus j’en achète sur place…
#lesyeuxplusgrosquelecerveau #rhaaaaajaimelepapier #promisjarretedemain
.
A défaut de sauver les forêts ou de me résigner à la frugalité ambiante en n’emportant que les 2 ou 3 livres que je lirai effectivement, j’ai décidé de régler ce problème de manière paradoxale : j’ai pris la résolution d’augmenter drastiquement ma vitesse de lecture.
Après tout, c’est moi qui suis en vacances,
pas mes neurones.
.
J’ai suivi une formation à la lecture rapide* et je me suis dit que les astuces suivantes pourraient vous permettre d’augmenter sans effort votre vitesse de lecture pour votre plus grand bonheur estival.
A tester sur des vrais livres ou sur votre tablette préférée.
- Utilisez votre doigt (ou un stylo, ou tout autre objet) pour suivre votre lecture, comme quand vous étiez petit(e) et que vous appreniez à lire.
Notre cerveau facétieux, quand il lit sans guide, a la fâcheuse habitude de remonter le courant de la lecture comme un saumon pour vérifier qu’il a bien compris ce qu’il vient de lire. Imaginez que vous regardez une vidéo et qu’un lutin rembobine 15 secondes de film toutes les 30 secondes… C’est exactement ce que font nos yeux quand ils ne sont pas « obligés » de suivre le cours de la lecture avec un guide (un de vos doigts fera amplement l’affaire).
Rien qu’avec cette astuce, j’ai doublé ma vitesse de lecture.
. - Posez votre « doigt-guideur de lecture » à 2 cm du début de la ligne et faites le passer à la suivante quand il arrive à 2 cm de la fin.
Nous lisons par ‘indentation« .
De la même façon que nous avons su passer du déchiffrage lettre à lettre d’un mot à la lecture globale du mot dans nos jeunes années d’apprentissage, notre cerveau peut apprendre à capter des groupes de mots de plus en plus gros (les groupes, hein ! pas les mots…).
En rognant sur les débuts et les fins des lignes, nous obligeons notre cerveau à lire le texte par morceaux plus importants.
Et du coup, ça va plus vite : c’est mécanique.
. - Accélérez le déplacement de votre doigt-liseur
Saviez vous que, si vous avez des difficultés à vous concentrer sur votre lecture, c’est principalement parce que vous ne lisez pas assez vite ?
Nous avons l’habitude de lire tellement « lentement » que notre cerveau est en sous-régime et comme tout individu normalement constitué, quand notre cerveau se fait chier comme un rat mort, il pense à autre chose…
Déplacez votre guide de lecture plus vite et vous tirerez bénéfiquement l’élastique du string de vos hémisphères cérébraux en augmentant votre vitesse de lecture et votre capacité de concentration.
(Je laisse à votre discrétion le string coincé entre vos deux autres hémisphères).. - Ne lisez plus dans votre tête
Même si vous êtes con comme un balai, vous parlez toujours moins vite que vous ne pensez. Le fait de s’écouter lire « dans notre tête » en ralentit considérablement la vitesse.
Pour s’enlever cette « mauvaise » habitude, il suffit de compter « 1 – 2 – 3 – 1 – 2 – 3 » à la place de lire les mots en silence. Ce faisant, notre cerveau dissocie ce qu’il lit de ce qu’il entend et file alors à la vitesse de l’éclair.
Sincèrement, au début, j’ai eu l’impression de devenir un schizophrène amateur de valse, mais force est de constater que ça fonctionne.
Et « whatever works » est mon deuxième prénom.
. - Posez vous 7 questions avant de lire
A force d’augmenter mécaniquement la vitesse de lecture, le cerveau a tendance à zapper et ce qui doit rester de la lecture se transforme rapidement en écrémage. Or, ce n’est pas la peine de lire 2 fois plus vite, si vous devez relire 3 fois le même chapitre pour en comprendre le contenu.
L’astuce est alors de se poser au moins 7 questions avant de lire : Qui sont les personnages ? Où et quand se déroule l’action ? Comment le héros va-t-il s’en tirer ?…Posez-vous des questions plus techniques, si ce n’est pas un livre de fiction : le temps est-il une fonctionnalité émergente ? En quoi la théorie M est-elle liée à la théorie des cordes ? Combien le chat de Schrödinger mange-t-il de croquettes en fonction de sa probabilité de vie ? L’univers est-il fini et a-t-il vraiment une forme d’aubergine ?…
En vous posant des questions, vous ouvrez des « boucles » dans votre unité centrale.
Or le cerveau déteste les problèmes non résolus : tel un chien limier à qui on a fait renifler un T-shirt, il va chercher frénétiquement les réponses à vos questions en mode automatique et sans relâche.
Du coup, l’augmentation de la vitesse de lecture ne va pas dégrader la qualité de votre compréhension. Bingo !
Personnellement, je vous conseille de vous poser la question suivante « si je dois raconter à mon voisin ce que je viens de lire, qu’est ce que je vais lui raconter ? » (elle ratisse grave large, celle-là).
C’est juste magique !
. - Adoptez une bonne posture
Même si je ne lis que dans ma baignoire ou dans mon lit, je lis bien plus vite quand j’ai le dos droit (pour bien respirer et donc avoir un cerveau bien oxygéné) et que mon livre est en face de mes yeux (et non l’inverse : sinon on s’affaisse sur la table et on respire mal).
.
Je suis passée de 225 mots par minute (en moyenne, on lit entre 200 et 250 mots par minute) à 752 mots par minute en moins de 3 semaines d’entraînement. Et je compte bien rivaliser sous peu avec JFK qui lisait à la vitesse hallucinante de 1000 mots par minute. On raconte qu’il lisait 6 journaux le temps de boire 1 café…(Il me faut encore bien plus que 6 cafés pour venir à bout d’un seul journal !)
.
Normalement, c’est à ce moment-là de mon post que vous vous insurgez et que vous me dites : « Kouââââ, Pilar !? Vous nous faites l’éloge de la lenteur et de la présence consciente à tour de bras dans votre blog et là, vous nous mettez la pression pour lire vite en nous stressant le ciboulot ?! Pendant les vacances en plus !! Période de l’année où, plus que jamais, il faut profiter de moindres contraintes pour se mettre à un rythme de vie plus serein… Mais vous-z-êtes folle ou quoi ? »
.
Oui et non, mes chouchous-chatons.
Oui.
Nos cerveaux sont sur-exploités par pas mal de conneries et sous-exploités pour les choses qui comptent vraiment. Alors, mettons gaiment des pelletées de charbon dans la fournaise de nos locomotives et lançons-nous dans le merveilleux far-west des bibliothèques de la connaissance, de l’imagination, de l’intelligence et de la culture.
Yeeehaw !
Non.
Continuons de lire de la poésie avec la langueur d’un escargot suisse.
Pour bien mâcher les mots et leurs sonorités, pour laisser notre âme vagabonder entre les lignes et les savourer.
Je vous bisoute et je file, car j’ai un peu de lecture à faire pour terminer de préparer le feuilleton de l’été.
A très vite.
.
– – – – – – – – – – – – – – – – – –
* la méthode s’appelle Kwik Reading .
Je vous la recommande d’autant plus chaudement que je ne touche absolument rien si jamais vous l’achetiez.