Don Draper devrait-il fumer et boire moins ?

Il y a un running-gag entre mes collègues thérapeutes et moi lorsque nous discutons de cas épineux. A un moment ou à un autre, quelqu’un lance

« What would Don Draper do* ?« 

Don Draper a en effet le don de tirer son épingle du jeu avec classe et décontraction à la fin de chaque épisode après une bonne série de moments de stress, de minutes d’angoisse, de plages de désespoir et de binge-drinking.

Ce type-là aurait bien besoin de sophrologie !

Imaginons que Donald DRAPER prenne RDV avec moi (on peut toujours rêver).

– Monsieur Draper, en quoi puis-je vous aider ?

– Ce doit-être très douloureux. Quand ce symptôme s’est-il déclaré ?

– Depuis que les scénaristes essayent de me faire arrêter de fumer et de boire !

– Et vous, avez-vous envie d’arrêter de fumer ou de boire  ?

– Et bien je devrais ! Tout le monde en 2013 me dit que c’est mauvais pour la santé, mais en 1968, je me sens sexy et intelligent quand je recrache la fumée de ma cigarette d’un air pénétré avec un bon verre de scotch à la main…

– Je comprends : on vous met la pression pour arrêter alors même que les sensations corporelles et les émotions que vous associez à la cigarette et à l’alcool sont extrêmement agréables pour vous. C’est hélàs un dilemme très courant : l’alcool a un effet relaxant et la cigarette permet une respiration facile aux personnes qui ont un diaphragme bloqué, en plus de l’effet excitant de la nicotine sur les neurones.

– A part péter la gueule à ce blanc-bec de Pete Campbell (mais alors j’irais en prison et l’on découvrirait ma véritable identité) ou fouetter Peggy Olsen (mais elle m’attaquerait pour harcèlement moral, et j’irais en prison et l’on découvrirait ma véritable identité), je ne vois pas ce qui pourrait me procurer autant de plaisir… Ma vie est encore plus nulle qu’une série française !

– Je vous conseille donc de continuer l’alcool, les cigarettes (et les p’tites pépées), mais à condition que  :

1. vous ne mettez personne en danger (boire ou conduire… , n’imposez pas de tabagisme passif à votre entourage)
2. vous arrêtez de culpabiliser et vous prenez réellement du plaisir à boire et fumer
3. vous appréciez ces moments de coolitude comme d’une vraie pause, d’une récompense que vous vous offrez : sensorialisez à fond !

– Je vous en prie, Don. Avec ces 3 conditions, votre consommation devrait naturellement se réduire d’elle-même.
Et puis, dans un deuxième temps, vous pourrons travailler et tester comment la sophrologie peut vous accompagner dans votre sevrage, si vous voulez toujours arrêter… Qu’en pensez-vous ?

Moralité 

• Soyez sympa avec les comportements que vous voulez arrêter (boire, fumer, manger, …) : ils sont souvent des solutions efficaces pour résoudre d’autres problèmes.
• Arrêter de culpabiliser est une bonne façon de réduire un comportement et de permettre de commencer à changer ses (mauvaises) habitudes. Même si l’action est identique, il y a une grande différence de façon de penser le monde entre « putaaaain, j’ai besoin d’une clope, viiiiiite ! » et « je choisis en conscience de fumer une cigarette pour me calmer rapidement ».
• La sophrologie est aussi une philosophie. On n’est pas obligé de faire des exercices lors d’une séance. Tous les moyens sont bons pour permettre au client de « prendre conscience de ».

On next episode, in Sophroland :

Dans le prochain épisode, nous essaierons d’enlever quelques centimètres du manche à balai que Ned STARCK s’est carré dans le cul pour voir s’il peut survivre dans ce panier de crabe qu’est King’s Landing, ce lieu de perdition pour les gens intransigeants et inflexibles…

C’est pas gagné !
Je me demande ce que Don DRAPER ferait à ma place….